Nous méritons votre confiance

I

Un homme entre, il est seul.

Le premier homme – Bien, personne, je vais pouvoir m’installer tranquillement.

Il pose ses affaires, attaché-case manteau, et met en place son matériel. On devine qu’il va présenter quelque chose avec un vidéo projecteur.
Il est prêt, il attend et ça lui semble long.
Un temps long.
Un autre homme rentre, s’excuse, ressort.
Une femme entre ouvre la porte.

La première femme – Bonjour.

Le premier homme – Bonjour…

La première femme – C’est vous qui intervenez ce matin ?

Le premier homme – Je dois faire une intervention, en effet, mais j’imagine qu’il y en a plusieurs de prévues aujourd’hui, je

La première femme – Il y en a une seule de prévue maintenant. Voulez-vous du café ou du thé ? Est-ce qu’on vous a bien présenté les objectifs de cette présentation ? Je vous dis ça parce qu’il arrive souvent que les informations soient mal transmises et nous n’avons pas de temps à perdre

Le premier homme – C’est-à-dire que oui, je pense

La première femme – Rien de chaud ?

Le premier homme – Je veux bien un café alors

Elle repart aussi vite. Un temps long à nouveau.
Des personnes, hommes et femmes, entrent les uns après les autres, saluent l’homme et se saluent entre eux. Tout le monde se connaît. Seul l’homme ne connaît personne. Il attend. Il regarde sa montre ou l’horloge ou son ordinateur, il s’ennuie un peu, il n’aime pas ce temps avant que ça ne commence encore, ce laps de temps où le doute ressurgit.
La première femme revient enfin et pose un plateau avec une cafetière de café et une bouilloire, des tasse, des sachets de thé, du sucre et des petites viennoiseries. D’emblée on sait qu’il n’y en aura pas assez pour tout le monde.
Le premier homme est invité d’un geste de la main de la première femme à se servir, ce qu’il finit par faire avec un léger malaise. Il voit bien que les autres personnes ne la considèrent pas comme une des leurs. Et personne ne vient se servir, pas même la première femme.

Le premier homme décide qu’il est temps pour lui, le café à la main, d’amorcer ce pourquoi il est venu et s’apprête à parler quand la première femme lui fait signe que non pas encore en montrant son poignet où il n’y a pourtant pas de montre.
Le premier homme n’a pas vraiment l’habitude de se faire imposer un timing dans le déroulé de son intervention et reste un moment figé, bouche bée. Il attend.
Le groupe d’hommes et de femmes, à part la première femme, discute en chuchotant mais des éclats viennent régulièrement briser les murmures, provoquant chez la première femme un agacement. Elle les regarde et n’y voit que des comportements puérils.
Le temps semble interminable et le premier homme commence à stresser, ce qui se traduit par une impatience (…)

La première femme, elle-même agacée d’attendre, finit par se lever plus brusquement qu’elle ne l’aurait voulu, provoquant un silence assourdissant. Assumant sa position, elle se dirige vers le premier homme, l’intervenant donc, pour lui murmurer qu’il pouvait commencer.

L’intervenant – Bien, bonjour à tous. Je me présente, xxxx xxxxx, je vais vous accompagner tout au long de cette première journée pour aborder les différents points de stratégie dans la communication de votre entreprise et détaillé quelles en sont les implications pour vos services, que vous représentez, ainsi que pour vos postes. Je sais bien que ces périodes de transition, avec la mutualisation de certains services suite à la fusion…

Une personne tousse dans le groupe.

L’intervenant – …au rachat, pardon, de votre entreprise ne sont pas facile pour nombre d’entre vous. Ces journées, ces temps, sont aussi là pour exposer les tensions et tâcher de les dépasser ensemble et que la production puisse reprendre

Plusieurs personnes toussent, certains gloussent timidement.

La première femme allait intervenir mais l’intervenant l’en empêche car, maintenant, il est au commande et elle risquerait de mettre en péril tout son travail.

L’intervenant – En tant qu’intervenant extérieur, ma position, même si elle ne peut pas être neutre, nous ne sommes pas naïfs, ne fait pas pour autant de moi votre ennemi.